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Le 04 juin 2020

Participation à la Consultation Publique

Concernant l’abattage de 1430 renards, de jour comme de nuit, de mi-juillet à décembre 2020, en Seine-Maritime   

 

Le Clos des Renardises, association Loi 1901 pour l’Etude et la Protection des Renards roux constitué entre-autre de scientifiques dont des spécialistes de l’espèce Vulpes vulpes, soumet par la présente son avis défavorable à l’autorisation par arrêté préfectoral des prélèvements de renards, dans la limite, pour la période de mi-juillet à décembre 2020, de 1430 renards prélevés et 304 opérations de tirs de nuit....

 

Au constat récurrent de l’inefficacité des projets d’arrêté successifs concernant le classement depuis plusieurs années du Renard roux dans la catégorie incohérente des espèces non seulement gibier mais aussi susceptible d’occasionner des dégâts, nous affirmons notre position. Ce classement qui, pour rappel, permet de tuer des renards en tout lieu et en tout temps par des méthodes diverses soulève les mêmes problèmes, toujours non résolus !

 

Aucun argument n’est émis et dans le cas qui nous concerne aujourd’hui, ce défaut est encore souligné.

Battues administratives, tir de nuit, piégeage, déterrage… au total, entre 600 000 et un million de renards sont tués dans le cadre de la chasse chaque année en France. Cette destruction organisée, sans aucun quota, s’apparente à un véritable massacre aussi impitoyable qu’injustifié ! Et ce nouvel arrêté serait totalement infondé.

Reconnu utile, le renard ne cesse d’être persécuté sous couvert d’une prétendue « régulation ».

En reprenant « votre note » :

 « Dans le département de la Seine-Maritime, la population de renards est estimée en hausse tendancielle au vu des prélèvements réalisés par piégeage et des déclarations de dégâts sur les quatre dernières années ». 

Une quelconque limitation des effectifs implique tout d’abord la connaissance de l’état réel de la population vulpine, ce qui n’est pas le cas. Une estimation n’est non seulement pas un argument et une évaluation subjective d’une population vulpine maximale en un lieu donné n’est pas recevable. En tant que prédateur carnivore, le Renard autorégule ses populations en fonctions des ressources de son espace vital c’est-à-dire en fonction de la nourriture disponible, essentiellement des rongeurs (75% de son alimentation), et selon les cycles de pullulation de ces derniers qui sont de 2 à 3 ans pour la plupart des espèces de micro-mammifères et de 5 à 6 ans environ pour le campagnol terrestre.

 

« Concernant les risques sanitaires, plusieurs cas avérés de gale sarcoptique chez le Renard roux ont été identifiés sur plusieurs communes du département depuis 2013 ; cette maladie parasitaire peut représenter un risque zoonotique et sanitaire pour l’Homme et la faune selon l’OFB (ex ONCFS) ».

Il est étonnant de lire cette affirmation de l’OFB !

Tout d’abord, la gale (et d'autres maladies, mais pas toutes) est un processus spontané, pour ne pas dire naturel, qui intervient dans l'écologie des espèces, au même titre que la prédation ou la compétition. La gale du Renard est naturelle, fréquente et régulatrice. L’acarien responsable de la gale sarcoptique du renard (Sarcoptes scabei var.vulpes) est propre à l’espèce et n’affecte pas l’Homme, tout au plus il peut provoquer une réaction allergique qui disparait spontanément. Le parasite responsable chez l’homme est la variante Sarcoptes scabei hominis. Différent aussi chez le chien (Sarcoptes scabei var. canis) celui-ci n’a rien à craindre puisque canis domesticus est protégé par les antiparasitaires. La gale se soigne très facilement.

 

« Par ailleurs, le renard est également vecteur de l’échinococcose alvéolaire, transmissible à l’homme et de la néosporose caninum, transmissible aux bovins ; plusieurs cas d’échinococcose ont été détectés sur des renards dans le Nord et le Pas-de-Calais en fin d’année 2018. »

L’échinococcose est reconnue comme n’étant plus un argument justifiant l’élimination des Renards.

Les arguments concernant la sécurité et la santé publiques ne sont pas recevables. Il y a plus de risque d’être contaminé par un animal domestique (plusieurs millions vivant au contact direct des humains et de leurs animaux de rente) que par un renard. Des mesures d’hygiène simples et évidentes diminuent les risques !  De récentes études (http://dx.doi.org/10.1098/rspb.2017.0453) tendent à montrer que le Renard, via sa consommation de rongeurs réservoirs, joue un rôle dans la lutte active de la Borréliose de Lyme (30 000 nouveaux cas/an en France, contre 30 cas d’échinococcose alvéolaire).

L’échinococcose alvéolaire, dans les cas de transmission aux humains, est majoritairement véhiculée par le chien de la famille comme d’autres verminoses s’il n’est pas vermifugé régulièrement. Des gestes d’hygiène simples et un minimum de bon sens évite bien des désagréments.

Tuer des Renards libère des espaces qui sont très rapidement réinvestit par d’autres renards susceptibles de véhiculer la ou d’autres maladies. Les espaces libérés sont souvent convoités par de plus jeunes individus en dispersion, plus sensibles (porteurs) aux parasites. Des études montrent que dans des pays et régions limitrophes où le renard n’est pas ou plus chassé les densités de population restent stables et que le taux de prévalence de l’échinococcose alvéolaire n’augmente pas et tend à baisser.

 

Neospora caninum est un parasite unicellulaire de la famille des coccidies. Il a d’abord été découvert chez le chien, son hôte définitif, puis chez les bovins, hôtes intermédiaires, où il semble être responsable de l’ordre de 10 à 15% des avortements. Il est également fortement suspecté de provoquer des avortements chez d’autres ruminants domestiques ou sauvages, ainsi que chez les juments. Les hôtes définitifs de Neospora caninum sont les canidés : les chiens et aussi probablement les renards. Il existe de nombreuses espèces d’hôtes intermédiaires : ruminants (y compris sauvages), rongeurs, oiseaux. Les canidés sont infectés le plus souvent en ingérant des matières contaminées issues d’hôtes intermédiaires infectés ne présentant pas forcément de symptômes (délivrances, avortons, cadavres divers) ! Sans commentaire !

 

« L’impact de prédation de cette espèce sur la petite faune sauvage (perdrix notamment) et les élevages amateurs de volailles est jugé important ».

La condition que les dégâts occasionnés atteignent la somme de 10 000 € par département n’est pas référencée. Les dégâts rapportés par les éleveurs avicoles ne sont pas ou rarement soumis à expertise. La Fédération de Chasse intervient financièrement pour les préjudices rapportés.

Les atteintes aux diverses activités forestières, agricoles ainsi qu’à la propriété comme la concurrence aux chasseurs, les prélèvements de gibiers d’élevage, les poulaillers mal conçus, ne sont pas des arguments, de surcroît non vérifiées, elles ne sont pas recevables et concernent des intérêts privés !

 

Les espèces carnivores jouent un rôle important dans la régulation de leurs proies. Le Renard, prédateur essentiellement de rongeurs, évite leur prolifération. Véritables auxiliaires de l’agriculture, la prédation naturelle du Renard roux est une solution naturelle par opposition à l’emploi de rodenticides comme la très controversée Bormadiolone. (exemple : le renard roux mange jusqu’à 6000 campagnols/an/individu). Intérêt économique argumenté (D.R. Blackbourn 2014, 2016)

Le renard a un rôle indispensable dans la chaîne trophique. Egalement charognard, il participe à l’élimination des animaux malades et des cadavres, évitant ainsi les épidémies. Il exerce une sélection naturelle sans porter préjudice à son environnement. Son régime éclectique n’a pas d’incidences notables sur les aliments qu’il consomme, car il varie son « menu », en bon opportuniste qu’il est !

Il est d’intérêt commun de protéger le Renard.

Le Clos des Renardises qui oeuvre pour le déclassement du renard de la liste des « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » dans tous les départements français et l’interdiction de sa chasse en dehors de la période d’ouverture générale, s’oppose à ce projet d’arrêté et à l’abattage de ces Renards !

 

Les populations vulpines souffrent d’autres impacts qui ne sont pas anodins : trafic routier, empoisonnement secondaires (rodenticides, pesticides) par ingestion de proies contaminées, maladies, taux de survie par classe, sexe, âge, dispersion, et dégradation et diminution des habitats naturels.

 

 

Nous attendons plus qu’une synthèse des observations, nous exigeons une réelle prise de conscience sur base des arguments vérifiés que nous vous apportons.

Il est temps que nos dirigeants prennent conscience des véritables enjeux environnementaux, qu’ils cessent de favoriser l’électorat « chasse et traditions » pour la voix d’une majorité légitime en croissance. La recherche en constante évolution apporte les arguments irréfutables qui dénoncent dès lors les conflits d’intérêts qui n’ont pas leur place dans le contexte mondial actuel.

 

Cordialement,

 

Carine Gresse pour le Clos des Renardises

 

 

 

 

 

 Lettre d'accompagnement au Préfet de Seine et Marne Pierre-André Durand

Monsieur le Préfet, Monsieur Durand

 

Je prends connaissance du projet d’arrêté soumis à consultation du public concernant la régulation du Renard par chaque lieutenant de louveterie de Seine-Maritime de juillet à décembre 2020. Ce projet d’arrêté prévoit d’autoriser le massacre de 1430 renards de jour comme de nuit ! 

Votre préfecture a publié une note de présentation qui n’apporte pas d’éléments concrets pour justifier ce massacre.

Je suis un peu surprise par cette décision ! Le bon sens semble ne pas émerger des leçons pourtant sans cesse mises en évidence ! Connaissant le sort de cet animal en tête de liste des « nuisibles » déjà harcelé toute l’année, étonnée aussi de constater votre soutien à ce projet alors qu’une telle décision devrait être considérée sur base d’éléments crédibles et non sur des copiés-collés démodés. L’utilité du Renard roux et l’incohérence des propos des instigateurs est aujourd’hui de notoriété citoyenne !

Je suis Présidente fondatrice du Clos des Renardises, association pour l’étude et à la protection du Renard roux, capacitaire pour cette espèce, en tant que spécialiste je travaille avec des scientifiques également experts du Renard roux depuis de nombreuses années. C’est une espèce que je connais donc bien.

Assistante vétérinaire diplômée avec 30 ans de métier dans les animaux domestiques, équine et de rente, aussi formée aux soins à la faune sauvage, Administratrice à la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères (SFEPM), adhérente à quelques APN triée sur le volet dont l’ASPAS, … auteure d’un recueil complet puis d’un livre sur le Renard Prix Fernand Méry 19, éco volontaire en Centre de soins à la faune sauvage, ce parcours atteste de la crédibilité de ma démarche.

 

Cette espèce est classée Susceptible d’Occasionner des Dégâts sans véritable fondement, accusée à la légère mais invariablement de pulluler, de piller les élevages avicoles, de mettre en péril les populations de gibier, de s’attaquer au gibier d’élevage, de véhiculer des maladies et de contaminer les populations humaines, sans aller plus loin ni tenir compte des vérités scientifiques ! Et y a t’il seulement un contrôle sur son identification de responsable des dits dégâts dans tous les cas ?

 

Diplômé de l'ENA, Ancien directeur de cabinet de Christian Estrosi, officier de la Légion d'honneur et officier de l'Ordre National du Mérite, vous êtes éminemment un homme de bon sens.

Persuadée de votre raison et de votre altruisme, je vous invite à reconsidérer ce projet et de prendre en compte notre avis défavorable à l’instar de celui de la majorité des citoyens et des instances scientifiques à ce massacre.

Sinon à quoi servirait donc une consultation « publique ».

 

Cordialement,

 

Pour le Clos des Renardises

et personnellement

Carine Gresse

Tribune libre de Nicolas Thierry : " Le renard, chronique d’un massacre organisé "

  (Lecture 3 min)

A La Une - Politique Nouvelle-Aquitaine - SUD-OUEST le 16 juin 2020  Texte : Carine Gresse

 

Nicolas Thierry, vice-président de la Nouvelle Aquitaine appelle à la sauvegarde du renard dans nos campagnes. Il explique pourquoi

" Chaque année, entre 500 000 et 600 000 renards sont tués par des chasseurs (tir, déterrage, piégeage, enfumage) selon les données estimées par la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS). En Nouvelle-Aquitaine, c’est entre 20 000 et 30 000 renards qui sont exterminés.

L’association de protection des animaux, OneVoice, a remis en lumière une pratique barbare en publiant une vidéo dans laquelle un équipage de vénerie sous terre, accompagné par deux enfants, traque avec une violence sans limite des renardeaux dans un terrier. Ces images insoutenables ont révolté de nombreux Français. Je souhaite voir disparaître cette pratique insensée.

Une préférence pour les rongeurs
S’il est un statut qui caractérise le renard, c’est celui d’intermédiaire, qui le sert et le dessert : ni grand, ni petit, canin aux airs félins, aux mœurs crépusculaires et aurorales, frayant les campagnes, courtisant le cœur des villes, il suscite l’admiration et la haine. De l’ombre à la lumière, des profondeurs de la terre ou du haut d’une branche, notre morale le situe entre Bien et Mal. L’Homme l’accable encore de mythes et de mauvaises intentions, le condamne à des sentences d’une cruauté d’une autre époque. Opportuniste, son régime varie en fonction de l’accueil de son territoire et il régule ses populations selon les disponibilités.

Un concours de chasse au renard avec chiens courants.  © Crédit photo : Thierry Daniel Vidal

S’il chasse le lapin, consomme des fruits, des baies, des oiseaux, des insectes et des champignons, il a une préférence pour les rongeurs (75 %), ce qui en fait un allié gratuit et écologique des agriculteurs. Chaque année, un renard consomme en moyenne 6 000 petits rongeurs. Quand on sait qu’un campagnol terrestre peut consommer jusqu’à 50 kg de végétaux par an, on imagine aisément la plus-value que peut représenter le renard pour les cultures agricoles.

La Borréliose de Lyme

De plus, il participerait, selon plusieurs études scientifiques, activement à la lutte contre la maladie de Lyme. Cette maladie infectieuse touche environ 50 000 personnes chaque année en France. Elle provoque notamment des troubles articulaires, neurologiques et peut amener jusqu’à la paralysie. La Borréliose de Lyme est transmise par des morsures de tiques lors de balades en forêt ou dans la nature. Or, ce sont les rongeurs qui sont au départ porteurs de cette maladie.

Nicolas Thierry  © Crédit photo : David Le Déodic / "SO"

Leur prolifération favorise le potentiel contact avec les tiques. C’est pourquoi nous avons bien tort de nous priver du renard. Pour une étude parue en 2017, les chercheurs de la Royal Society of London ont observé 20 parcelles forestières d’un hectare chacune situées aux Pays-Bas et présentant des densités différentes de prédateurs. Obtenus grâce à plusieurs centaines de caméras placées dans les forêts, les résultats des scientifiques parlent d’eux-mêmes : plus le nombre de renards était important, plus le nombre de tiques infectées par la maladie de Lyme était faible !
Depuis la fin du confinement, le 11 mai, la destruction de certaines espèces susceptibles d’occasionner des dégâts a repris. Ainsi en Nouvelle-Aquitaine, différentes préfectures départementales autorisent de nouveau les opérations de destruction du renard, s’appuyant sur le code de l’environnement qui précise que le renard peut toute l’année être « piégé en tout lieu » et « déterré avec ou sans chien ».

Une réglementation inutile

Ce statut de « nuisible » est fondé à partir d’éléments fournis par les seules fédérations des chasseurs qui ont un intérêt personnel à ce que les renards, prédateurs occasionnels des espèces « gibier » (faisans, perdrix) soient éliminés. Cette réglementation est d’autant plus inutile que le goupil, comme la plupart des prédateurs carnivores, s’autorégule en fonction des ressources de son domaine vital. Dans les pays ou régions limitrophes qui ne le chassent pas ou plus (Luxembourg depuis 6 ans et canton de Genève depuis plus de 40 ans) les populations de renards restent stables, sans prolifération.

" Le renard est une espèce emblématique de nos campagnes, du vivant avec lequel nous devons nous réconcilier "
Les temps doivent changer ! Le renard est une espèce autochtone emblématique de nos campagnes, du vivant avec lequel nous devons nous réconcilier. Cesser de déployer tant de cruauté envers cette espèce est l’un des nombreux premiers pas à effectuer vers le monde d’après. C’est admettre que nous n’avons pas tous les droits sur les autres formes de vie, que sans elles nous serions privés des services vitaux dont nous font bénéficier gratuitement les écosystèmes naturels. En 2019, le préfet du Doubs a courageusement retiré le renard de la liste des animaux nuisibles pour les communes de son département. Il ne peut donc plus y être piégé, déterré ou détruit. C’est pourquoi, j’invite les préfets des différents départements de notre Région à retirer de la liste des espèces « susceptibles d’occasionner des dégâts », ce formidable animal qu’est le renard. "

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Nouvelle victoire pour les renards ! La justice suspend les tirs de nuit dans l’Eure en 2019 !

04/04/2019

Mise à jour du 22/09/20 : après la suspension en urgence obtenue par nos associations en avril 2019, le tribunal administratif de Rouen a finalement définitivement annulé l’arrêté lors de l’audience du 18 septembre 2020 ! 

L’ASPAS et ses partenaires associatifs One Voice et le Groupe Mammologique Normand ont engagé une action contre l’arrêté du préfet de l’Eure (27) qui autorisait les tirs de nuit de renards pendant quasiment toute l’année 2019.

Notre demande de suspension en référé, dont l’audience a eu lieu mercredi 3 avril au tribunal administratif de Rouen, a été favorablement accueillie par le juge !

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